Expérimentés dans la Silicon Valley depuis les années 2000, notamment chez Netflix, les congés illimités font leur apparition dans quelques entreprises de l’hexagone. Les collaborateurs peuvent prendre des jours de vacances autant qu’ils le souhaitent, à condition qu’ils remplissent leur mission et atteignent leurs objectifs.
Vous rêvez d’arriver plus tard au bureau pour éviter l’heure de pointe sur la route ? Vous comptez les jours jusqu’à votre prochain congé ? Dans certaines organisations, la question ne se pose plus ! Les salariés organisent leurs horaires comme ils le souhaitent, et il n’y a aucune limite à la pose de journées de vacances. Le but ? Donner aux collaborateurs plus d’autonomie et de souplesse, tout en les responsabilisant sur des objectifs précis. On comprend l’engouement que suscitent les congés illimités aux Etats-Unis, où la loi ne contraint pas les employeurs à accorder des congés payés. Mais cette pratique peut-elle vraiment s’imposer en France ?
Tout savoir sur les congés illimités
Congés illimités : organiser librement son travail
On trouve en France de rares exemples d’entreprises ayant expérimenté les congés illimités. Il peut s’agir de petites structures, comme Popchef, une start-up parisienne de distribution de repas, ou de grands groupes, comme Indeed.
Dans tous les cas, il s’agit d’un pari : faire confiance aux salariés dans la gestion de leur temps. Les employeurs qui ont sauté le pas y voient le moyen d’augmenter la productivité de l’entreprise. Si un collaborateur se sent surmené, il peut s’accorder un week-end prolongé, pour mieux performer à son retour. Les horaires ne sont donc plus un critère pour évaluer la motivation de quelqu’un. Ce qui compte, avant tout, ce sont les résultats. A l’inverse, le présentéisme n’est plus une excuse en cas de mauvaise performance.
Les entreprises concernées ne subissent pas d’abus de la part des collaborateurs. Ainsi, Indeed USA annonce que les salariés prennent en moyenne 18 jours de vacances, contre 15 avant la mise en place des congés illimités. Même constat chez Popchef, où les salariés ne prennent en moyenne que 5 jours de plus que le minimum légal.
Un argument pour la rétention des talents
Alors que l’emploi cadre s’est rarement aussi bien porté, et que les entreprises peinent à recruter les meilleurs talents, les congés illimités peuvent s’inscrire dans une démarche de marque employeur. Cette souplesse permet aux collaborateurs de trouver un meilleur équilibre vie personnelle / vie professionnelle. C’est aussi un signe que l’entreprise fait confiance à ses salariés. Les professionnels qui aspirent à plus d’autonomie et de responsabilité au travail peuvent être conquis par ce mode d’organisation. La génération Z, en particulier, peut être sensible à cette forme d’indépendance dans le travail.
Certaines entreprises, cependant, n’ont ouvert les congés illimités qu’aux salariés ayant une certaine ancienneté. C’est le cas d’Avinim, groupe immobilier, où les salariés en bénéficient après deux ans de présence dans l’entreprise.
Quels sont les risques juridiques ?
Plébiscités par certains employeurs, les congés illimités posent pourtant des problèmes au niveau de la légalité. En effet, le cadre juridique autour des congés est très précis en France. D’abord : il existe déjà un minimum légal de cinq semaines fixé par le Code du Travail. Toute augmentation du nombre de jours de congés payés doit être décidée en convention collective. Les congés payés, en France, reposent sur le principe d’égalité de traitement. En pratiquant les congés illimités, les entreprises peuvent se retrouver en litige avec un salarié, si celui-ci considère qu’il n’a pas eu autant de jours que son collègue.
Aux Etats-Unis, les congés illimités apportent une solution aux insuffisances de la législation concernant les congés payés. Mais cette pratique peut-elle faire son chemin en France, où le Code du Travail offre beaucoup plus de protection aux salariés ?
Pour perdurer dans une entreprise, les congés illimités doivent reposer sur un principe de bon sens. D’où, peut-être, son succès croissant dans les petites structures. Dans un esprit start-up, les collaborateurs sont engagés autour d’un projet commun, et peuvent organiser leurs horaires comme bon leur semble. Mais les congés illimités peuvent-ils vraiment s’imposer dans les grandes organisations ?
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